Morchella semilibera DC. 1805

Bon comestible de la famille des morilles sans toutefois les égaler, le Morillon fait son apparition comme ses cousines au printemps, d'avril à mai en stations similaires : bordures de rivières, lisières de bois frais et aérés, parcs, bordures d'allées, sous frênes, pommiers, en compagnie de la ficaire (Courtecuisse), principalement en terrain calcaire.
Ce champignon pourrait être confondu avec la Morille conique ou la Verpe de Bohème (sans importance, tous deux comestibles bien cuits), mais l'insertion au pied fera la différence des espèces :

• la Morille conique présente pied et chapeau reliés sans coupure, pied et chapeau se prolongeant,
• le Morillon présentant une insertion à mi-chapeau, laissant libre la moitié inférieure (semilibera),
• la Verpe a un chapeau soudé au pied seulement au sommet, le pied s'enfonçant complètement dans celui-ci.

Une morille que nous (ceux du siècle d'avant !!!) nommions Mitrophora semilibera, tous les bouquins de l'époque, le Marchand 1971 II/191, le Breitenbach 1984 I/48, le Courtecuisse 1994/130, le Bon 2004/326, ... bref notre littérature de table de chevet, toute cette littérature le désignait sous cette appellation.
Même pour le Hachette multimédia 1999 :
Morillon (n. masc.) (Mitrophora hybrida) morille bâtarde, espèce de Champignons voisins des morilles, mais dont le « chapeau », conique, olivâtre, n’adhère que partiellement à l’extrémité du pied qui, lui, est blanchâtre. Le morillon est comestible, mais moins charnu que les vraies morilles.

Sauf que voilà, les études l'ADN réhabilitent notre Morillon en morille à part entière, et bien plus encore, sépare le Morillon européen de 2 Morillons nord américains (Kuo et al., 2012) :
« Bien que les deux espèces ne puissent pas être séparées sur la base de leurs caractéristiques physiques, elles sont séparées par la géographie; Morchella punctipes apparaît dans les forêts de feuillus des grandes plaines vers l'est, tandis que Morchella populiphila apparaît sous les peupliers noirs du nord-ouest de l'Amérique du Nord.
Les deux espèces étaient autrefois appelées "Morchella semilibera" - avant qu'une étude ADN récente (O'Donnell et collaborateurs, 2011) ne trouve un soutien à l'idée que Morchella semilibera est une espèce strictement européenne et que nos espèces nord-américaines sont génétiquement distinctes. »

Dans une autre publication (parmi bien d'autres !) : True morels (Morchella, Pezizales) of Europe and North America « Morchella punctipes Peck 1903 ; Cet endémique de l'est de l'Amérique du Nord ( Mel -4) a été révisé et épitypifié par Kuo et al. (2012) . Il forme un clade fortement soutenu avec le M. populiphila nord-américain et le M. semilibera européen. Un caractère unique, la marge apothéciale à moitié libre, soutient ce clade ; toutes les autres morilles ayant une marge entièrement attachée au stipe.
Morchella punctipes se distingue au sein de ce clade en possédant des granules sombres sur le stipe. »

... et une remarque sur la réhabilitation binôme :

« Remarques. Clowez (2012) conclu que le nom Morchella gigas , qui a été adopté par Kellner et al. (2005), a la priorité pour cette espèce. Cependant, le nom bien connu Morchella semilibera ( Mel -3) a été proposé pour la conservation par rapport aux noms antérieurs, M. gigas et M. undosa ( Moreau et al.2014 ). »

... ce qui finalement lui colle parfaitement, imaginez notre (petit) Morillon réhabilité en Morchella gigas, gigas du grec gigas = géant !!!