Chlorophyllum rhacodes (Vittad.) Vellinga 2002
Lépiote déguenillée
Lépiote en haillons
Réf : C.D.2011
Si l'on reprend tous nos manuels, même les moins poussiéreux, voilà un champignon qui côtoyait et trônait au beau milieu des Macrolepiota, un genre réputé pour ses champignons de bonnes qualités de bouche (enfin presque tous !).
« Recently it appeared that some species always reckoned to Macrolepiota, like M.rachodes, are much closer related to Chl. molybdites than to M. procera, so they were transferred to Chlorophyllum. This conclusion was based on molecular evidence (from DNA sequences) and on the similarities in morphology. »
(Else C. Vellinga, may 2008)
Quelques progrès de la science, deux trois investigations aux cœurs des cellules et de l'ADN et voilà notre Macrolepiota rhacodes poussée hors du genre pour rejoindre le groupe fermé des Chlorophyllum et partager ce nouvel espace aux côtés de Chlorophyllum molybdites, la lépiote de Morgan, une lépiote inconnue chez nous puisqu'elle est exotique, éventuellement présente dans nos serres ; champignon très semblable à Chlorophyllum rhacodes mais avec la particularité d'une sporée verdâtre.
Un champignon toxique (Chl. molybdites) et responsable d'intoxications en région tropicale en raison de sa forte ressemblance à C. rhacodes.
Ce genre Chlorophyllum (sporée verdâtre) est longtemps resté monospécifique (1 esp.) avec C. molybdites (CD* 1994 p.250) et "Else C. Vellinga, may 2008" « Originally the genus only accommodated green-spored species, like the poisonous Chl. molybdites. » ;
==> Le CD* de 2011 p.228 voit ce genre passer à 5 esp. ;
==> Else Vellinga dans sa clé du genre Chlorophyllum (propre à l'Amérique du Nord) : 6 esp. ;
[ http://nature.berkeley.edu/brunslab /ev/CHLOROPHYLLUM.pdf ]
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Étymologie :
Chlorophyllum : nom d'espèces du grec : - chloros = jaune verdâtre + phyllum = lames ;
=> qui a des lames jaune verdâtre, éventuellement brun olive ...
rhacodes : qualificatif d'espèces, du grec : -rakos = lambeau, + suffixe : -odes : comme ;
=> en haillons, comme une guenille, déguenillé.
Alors, voilà donc un genre composé d'une seule espèce à sporée et lames verdâtres, qui accueille en son sein 5 autres espèces à spores et lames blanches ! Difficile d'imaginer que la majorité du groupe ne se rebelle et demande à l'unanimité (-1 voix) de rebaptiser ce groupe en .... par exemple ... Leucophyllum ...
Et pourquoi pas !
Une autre polémique autour de cette C. rhacodes dont le qualificatif est parfois transcrit en rachodes, (voir pour exemple sur Index Fungorum qui semble très strict sur les règles de la taxinomie) ; cette erreur tire son origine de l'auteur même de l'espèce, Vittadini (1835), qui a mal orthographié l'épithète rhacodes en rachodes ; du grec rakos = lambeau, déguenillé, erreur, en grec il y a un kapa « k » et non un chi « ch » (Yves Bresson // Dictionnaire étymologique des noms scientifiques de champignons // p.148 ==>> La graphie RACHODES est erronée car en grec il y a un kapa « k » et non pas un chi « ch » !)...
Bref, une erreur que les puristes conservent puisque qu'en théorie, le nom est donné, et tant pis pour l'erreur, on doit conserver !
Extrait Index Fungorum :
Macrolepiota rachodes (Vittad.) Singer (1951)
Lepiota rachodes (Vittad.) Quél.(1872)
Agaricus rachodes Vittad. (1835)
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- Synonymie de Chlorophyllum rhacodes (réf. INPN 12/2012)
Réf : Else C. Vellinga :Macrolepiota rhacodes (Vittadini) Singer
Lepiota rhacodes (Vittadini) Quélet
Lepiota procera var. rhacodes (Vittadini) Quélet
Agaricus rhacodes Vittadini
Lepiotophyllum rhacodes (Vittadini) Locquin
Leucocoprinus rhacodes (Vittadini) Patouillard
http://nature.berkeley.edu/brunslab /ev/vellinga_2002_comb_ chloroph.pdf
http://nature.berkeley.edu/brunslab /ev/CHLOROPHYLLUM.pdf
http://nature.berkeley.edu/brunslab /papers/vellinga2003a.html
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*CD = Guide des champignons de France et d'Europe de Régis courtecuisse, Bernard Duhem.
Les autres caractères de
Macrolepiota rhacodes
ex :
Macrolepiota rhacodes var. bohemica
Macrolepiota rhacodes var hortensis
Macrolepiota venenata
Et qu'en est-il devenu de Macrolepiota rhacodes var. bohemica (= M. rhacodes var hortensis) ? Voilà par contre qui va nous faciliter la tâche puisque tout comme M. venenata les voilà toutes synonymisées en : Chlorophyllum brunneum.
Un taxon très variable donc, puisque décrit sous tant de binômes, Chlorophyllum brunneum se détache de Chlorophyllum rhacodes par ces quelques différences :
- un champignon d'apparence plus robuste => 15 cm. de diam. et de haut ;
- les écailles du chapeau moins nombreuses, surtout à la marge, plus foncées (brun rougeâtre), avec disque lisse et dilacéré souvent en étoile ;
- le stipe est fort, court et à bulbe marginé, parfois excentré ;
- chair rougissant moins fort que C. rhacodes ;
- un anneau épais mais simple ;
- écologie typique des lieux fortement azotés (terreau, anciennes places à fumiers, décombres, jardins, tous lieux rudéralisés...)
- Toxicité de Chlorophyllum brunneum :
➔ Extrait des Flores mycologiques d'Europe / 3 / les Lépiotes p.33 (1993) :
« Pour la toxicité nous commencerons par essayer de rassurer les consommateurs de macrolépiotes sur le faible danger suscité par M. venenata (dont le nom est franchement exagéré - aveu de l'auteur !) ; certes il y a eu des "empoisonnements" spectaculaires dus à de simples indigestions qui ont pris des tournures dramatiques à la suite d'évanouissements ... et le fait d'avoir mangé des champignons amplifie évidemment les symptômes. M.venenata et peut-être aussi la variété bohemica de rhacodes ont la propriété de posséder une chair pesante ou dense ce qui laisse soupçonner une "cellulose" compacte et de ce fait difficile à digérer .... »
➔ http://nature.berkeley.edu/ brunslab /ev/CHLOROPHYLLUM.pdf :
Chlorophyllum rachodes et Chl. brunneum sont tous deux très répandus. Le premier est connu d'Europe et d'Amérique du Nord, et le second se trouve en Europe, Amérique du Nord, et Australie.... Ces deux espèces sont consommées, mais les réactions indésirables surviennent chez certaines personnes....
➔ Les champignons dans la nature Knudsen / Petersen :
La lépiote déguenillée est un bon comestible s'il est bien cuit... Attention aux lieux de cueillettes : les lépiotes des lieux pollués ou enrichis en nitrates sont souvent indigestes et peuvent rendre très malade.
➔ Guide Vigot des champignons :
M. rhacodes var hortensis est un comestible mais pas toujours bien supporté ; a déjà provoqué des intoxications (nausées passagères, vomissements) sans doute rapidement altérable.
...
Bref, un tout petit résumé de la littérature plus ou moins récente !
En conclusion, pas de risques mortels en cas d'erreur entre Ch. rhacodes et Chl. brunneum, ce dernier étant si variable que la confusion est tout à fait possible ; ce qu'il faut retenir et absolument respecter, reste le lieu de récolte du champignon (à appliquer sans restriction dans toutes ses récoltes, quelque soit les espèces recherchées) :
==> première recommandation : bien déterrer le pied du champignon (précaution à respecter dans tous les cas !), se rappeler que le bulbe de Chl. rhacodes s'évase doucement à la base du stipe alors que celui de Chl. brunneum est abrupte et marginé (voir dessins de Else C. Vellinga en bas de page) ;
==> l'anneau de Chl. rhacodes et complexe, celui de Chl. brunneum est simple ;
==> ne jamais récolter les champignons ayant poussés sur sols riches en matières nutritives ou lieux fortement pollués : tas de fumiers, composts de jardins, décombres ou anciens décombres, prairies, parcs, jardins, bords de routes ... tous lieux douteux ... L'ortie reste un bon indicateur des lieux à exclure pour la cueillette de champignons, cette plante très connue de tous apprécie particulièrement les sols riches en nitrates et les anciens décombres ;
==> bien cuire ses cueillettes ;
==> ne consommer que de jeunes spécimens bien frais ;
==> pas de conservation ou transport de champignons en sacs plastiques ;
==> ne jamais considérer le champignon (sauvage) comme un légume et le consommer avec modération ;
==> pas de consommation de champignons à des repas successifs ;
==> ne jamais offrir de champignons sauvages à des personnes sans aucunes connaissances, le simple fait d'une cuisson mal conduite peut se révéler catastrophique.
Tous les autres caractères de la Lépiote vénéneuse
Chlorophyllum brunneum
11/12/2012 -