Morchella rufobrunnea Guzmán & F. Tapia 1998
Morille rougissante
Morille rousse
Réf : C.D.2011
Chapeau : 3,5 cm de diam pour 7 de haut, conique, avec crêtes longitudinales stériles, anastomosées entre elles par des côtes fripées, pour délimiter des alvéoles allongées, longitudinales, souvent 3 à 4 fois plus longues que larges ; couleurs générales quand jeune : pâle, terne, blanchâtre, crème, avec crêtes et côtes plus claires que le fond des alvéoles, celles-ci beige pâle ; dans l'âge, alvéoles brun-foncé roussâtre, côtes et crêtes brun-jaunâtre, mais généralement plus pâles que les alvéoles ; |
Pied : => 4 cm de haut x 3 de diam, creux, de forme très variable, cylindrique avec base élargie, ventrue, sillonnée plissée dans la longueur, glabre jeune puis couvert de minuscules écailles (loupe) dans l'âge, blanchâtre à gris-pâle jeune puis gris-brun, brun-jaunâtre ; |
Chair : ferme, peu épaisse, concolore au chapeau ; odeur et saveur peu distinctes ;
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Spores : spores => 15 x 24 μm, lisses, hyalines, ellipsoïdes, ovoïdes, avec inclusions granuleuses mais non guttulées ; |
Comestibilité : excellent comestible, se rappeler toutefois que c'est une morille ... => à consommer bien cuit ! |
Une morille tout nouvellement décrite par Gastón Guzmán et Fidel Tapia en 1998, morille récoltée près de Vera Cruz, Mexique, suffisamment particulière pour qu'elle ait fait l'objet d'une étude approfondie, particularités dont notamment le fait que les parties anciennes ou lésées du champignon virent au rouge-orangé, brun-roussâtre, d'où l'épithète rufobrunnea pour bien marquer ce changement de couleur.
Cette Morchella rufobrunnea, a non seulement des caractéristiques ADN particulières mais aussi des caractères morphologiques remarquables et fiables, ce qui la sépare nettement des autres morilles : quand elle est jeune, cette morille a le chapeau très souvent courbe, le fond des alvéoles est sombre, le haut des côtes pratiquement blanc. Puis, mature, côtes et alvéoles virent au jaune orangé, brun rouillé avec cependant le haut des côtes plus pâle. Globalement, ce chapeau s'inscrit nettement dans un cône, les alvéoles s'étirent dans la longueur, toujours plus longues que larges. Comme toutes les morilles, pied et chapeau sont totalement creux, la vallécule qui relie les deux est inexistante.
Initialement, Morchella rufobrunnea avait été décrite comme inconnue, finalement, les études ADN montre que cette morille est relativement bien répandue sur la Côte Ouest des États-Unis, Israël, l'Australie et Chypre ... et semble commencer à s'installer dans le sud de l'Europe.
Elle pousse sur les sols perturbés, fraîchement remués, sur les copeaux des aménagements paysagés, jardins, ce qui fait de cette morille un saprophyte opportuniste avec très certainement des associations avec les arbres, notamment l'olivier, le chêne, l'aulne. Quelques sites pour vous proposer de cultiver vos propres morilles, au fond de votre jardin, sur quelques pieds de côtés ... très souvent sous l'appellation Morchella esculenta, appellation bien plus valorisante que Morchella rufobrunnea, à vous de tenter !
‹‹ D'un point de vue évolutionniste, Morchella rufobrunnea est particulièrement intéressante car elle est, comme le disent les gens de l'ADN, « basale » à l'arbre entier des morilles vraies. En d'autres termes, l'espèce est un peu comme les crocodiles, puisqu'elle a été essentiellement inchangée, depuis la période Crétacée. Toutes les espèces de morilles que nous connaissons aujourd'hui, selon O'Donnell et collaborateurs (2011), ont évolué à partir de quelque chose comme Morchella rufobrunnea. ››
Extrait de la page de M. Kuo (2012, October)
Bref, la mère de toutes les morilles !
C'est Ronald Ower (1985) qui a breveté le processus de culture des morilles, très certainement Morchella rufobrunnea celle-ci étant l'une des rares espèces de morilles saprophytes, culture à partir d'une collection récupérée chez un planteur de San Francisco.
En 2010, Segula Masaphy à Migal - Galilee Technology Center, une filiale de la Galilee Development Company en Israël, a signalé la réussite de la culture Morchella rufobrunnea. voir l'article : Biotechnology of morel mushrooms: successful fruiting body formation and development in a soilless system.
‹‹ Malgré une littérature étendue et un intérêt intense, la taxonomie des morilles est mal connue. Même le nombre d'espèces de morilles est une question de débat. Des dizaines ont été décrites, mais le nombre d'espèces « bonnes » est certainement inférieur à dix. ››
(http://mushroomgui.de/morchella-rufobrunnea).
Et une étude toute récente, 2012, Taxonomic revision of true morels (Morchella) in Canada and the United States ; University of Nebraska - Lincoln Digital Commons @ University of Nebraska - Lincoln (Michael Kuo, Damon R. Dewsbury, Kerry O'Donnell, M. Carol Carter, Stephen A. Rehner), alors bien sûr, une étude qui porte sur les Morilles Nord-Américaines, mais les conclusions restent transposables.
Finalement, et en conclusion, après quelques jours à s'écarquiller les yeux sur ce que l'on peut trouver ce jour d'accessible sur la toile, les morilles que l'on divisaient en deux groupes (clades ou embranchements) : les rondes et les coniques, Morchella esculenta et Morchella conica, bien sûr n'est plus !
Aujourd'hui, à ces deux groupes, on en rajoute un troisième, celui de Morchella rufobrunnea (d'ailleurs seule du groupe*) et comme cette dernière est nettement conique et de plus sans vallécule, les anciennes dénominations passent en blondes ou jaunes (les rondes), noires (les coniques) et brunissantes (roussissantes) pour rufobrunnea.
*clade représenté (aujourd'hui) par deux espèces :
Morchella rufobrunnea Guzmán et Tapia 1998
Morchella anatolica Işıloğlu, Spooner, Allı & Solak, 2010
25/02/2017 -